- NIGER - Actualité (1990-1996)
- NIGER - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique du NigerPolitique intérieureLe 7 mai 1990, un groupe de Touaregs attaque la caserne et la sous-préfecture de Tchin-Tabaraden, au nord-est de Tahoua. Victime de traitements injustes de la part de l’administration nigérienne, une partie de la communauté nomade est en rébellion après les promesses d’aide non tenues par le gouvernement. La répression du coup de main par l’armée est sanglante. Environ 200 Touaregs sont arrêtés et torturés avant d’être exécutés sommairement.Du 29 juillet au 3 novembre 1991, la Conférence nationale se réunit à Niamey en vue de préparer le passage à un régime démocratique. Elle met en place les institutions pour la période de transition qui doit durer jusqu’au 31 janvier 1993. Le général Ali Saibou est confirmé à son poste de chef de l’État, mais privé de la plupart de ses pouvoirs. Les délégués élisent André Salifou à la tête du Haut Conseil de la République, qui fait office d’Assemblée législative provisoire. Amadou Cheffou est nommé Premier ministre.Le 27 août 1992, l’armée lance une offensive contre les Touaregs du Front de libération de l’Aïr et de l’Azawagh, qui n’est avalisée que le 11 septembre par les autorités civiles. Suspectées de complicité avec la rébellion dans le nord du pays, 186 personnes sont arrêtées.Le 26 décembre, la nouvelle Constitution est adoptée par référendum.Le 14 février 1993 se déroulent les élections législatives. Le Mouvement national pour la société de développement (M.N.S.D.), ancien parti unique, obtient 29 sièges sur 83 et reste le premier parti politique du pays. Mais, après le regroupement de 9 partis d’opposition au sein de l’Alliance des forces de changement (A.F.C.) au lendemain des élections, celle-ci totalise 50 sièges et détient ainsi la majorité au Parlement.Le 27 mars a lieu le second tour de l’élection présidentielle, qui doit désigner le successeur d’Ali Saibou, président intérimaire nommé par la Conférence nationale. Mahamane Ousmane, chef de la Convention démocratique et sociale (sociale-démocrate), membre de l’A.F.C., crée la surprise en recueillant 55,4 p. 100 des suffrages, contre 44,6 p. 100 pour Mamadou Tandja, président du M.N.S.D. Le taux de participation est de 35 p. 100. En vertu d’accords passés au sein de l’A.F.C., le Premier ministre doit être Mahamadou Issoufou, président du Parti national pour la démocratie et le socialisme. Le nouveau président prévoit de relancer l’économie très dégradée.Malgré la rencontre en février 1994 entre des représentants du gouvernement et de la rébellion touarègue, celle-ci attaque les locaux d’une compagnie minière et tue 2 militaires, le 23.Le 28 septembre, Mahamadou Issoufou démissionne de son poste de Premier ministre. Il est remplacé par Souley Abdoulaye, membre de la Convention démocratique et sociale. Le Parti national pour la démocratie et le socialisme quitte l’A.F.C. et se rallie à l’opposition.Le 17 octobre, l’Assemblée nationale est dissoute à la suite de l’adoption d’une motion de censure, la veille.Le 12 janvier 1995, l’opposition remporte les élections législatives, avec 43 sièges sur 83 au Parlement, dont 29 pour le M.N.S.D., ancien parti unique, et 12 pour le Parti national pour la démocratie et le socialisme. Les partis présidentiels remportent 40 sièges, dont 24 pour la Convention démocratique et sociale du président Mahamane Ousmane. Le taux de participation est d’environ 35 p. 100. Le 8 février, Mahamadou Issoufou sera nommé président de l’Assemblée.Le 7 février, le président Ousmane nomme Premier ministre Amadou Cissé, qui est membre du M.N.S.D., mais qui n’est pas le candidat officiel de ce parti pour ce poste. Le 8, Amadou Cissé est exclu du M.N.S.D. Le 20, il est renversé par une motion de censure. Il est remplacé le lendemain par Hama Amadou, chef du M.N.S.D.Le 24 avril, à l’issue de la trêve décrétée en octobre 1994, le gouvernement et l’Organisation de la résistance armée, qui représente les 6 mouvements rebelles touaregs, signent, à Niamey, un «accord de paix définitif» qui met fin à 4 années de conflit. Le texte prévoit une amnistie générale, la création d’une unité spéciale, au sein de l’armée, pour accueillir les combattants touaregs, l’établissement d’un projet de loi de décentralisation et des mesures de développement pour le nord du pays.Le 27 janvier 1996, l’armée, dirigée par le colonel Ibrahim Baré Maïnassara, renverse le président élu Mahamane Ousmane. Les institutions sont dissoutes et un Conseil de salut national est mis en place. Les putschistes justifient leur action par la nécessité de mettre un terme à la crise institutionnelle née du conflit entre le président Ousmane et son Premier ministre Hama Amadou, tous deux arrêtés. Il s’agit du premier coup d’État en Afrique francophone depuis le début du mouvement de démocratisation, en 1990. Le 30, le Conseil de salut national nomme un Premier ministre civil, Boukari Adji qui forme, le 1er février, un gouvernement intérimaire exclusivement constitué de civils.Le 8 juillet, à l’issue des 2 tours de scrutin, les militaires décident de remplacer la commission électorale indépendante par un organisme dont ils nomment les membres. Le 10, cette nouvelle commission proclame la victoire du colonel Maïnassara, candidat «indépendant», qui aurait recueilli 52,22 p. 100 des suffrages, contre 19,75 p. 100 pour le président renversé Mahamane Ousmane. Les manifestations des opposants qui dénonçaient les conditions du scrutin sont réprimées.Le 23 novembre, les résultats des élections législatives, tout aussi contestés, confirment ceux de l’élection présidentielle, offrant ainsi une majorité au nouveau chef de l’État.Vie économiqueEn 1991, le gouvernement de transition hérite d’une situation difficile. Une des premières décisions du nouveau pouvoir consiste à prélever «un certain pourcentage» sur les salaires des fonctionnaires au titre d’un «impôt solidarité» nouvellement créé. L’initiative est destinée à financer un traitement social du chômage, alors que les caisses de l’État sont vides, et de donner un gage de bonne volonté aux bailleurs de fonds étrangers.En 1992, l’économie du pays est menacée par la disette, en raison de l’irrégularité des pluies et de la destruction des récoltes par les oiseaux et les insectes, et par la chute du cours de l’uranium, le centre d’extraction se trouvant dans une zone touchée par la rébellion. La Banque mondiale refuse de financer le déficit budgétaire, tant qu’un cadre préalable à des réformes de structures n’aura pas été mis en place. Le cinquième Programme des Nations unies pour le développement du Niger (janv. 1992-déc. 1996) est rendu public en juin. Il prévoit une aide extérieure de 51,36 millions de dollars.Le 11 janvier 1994, sous la pression de la France et du F.M.I., les dirigeants des 14 États africains appartenant à la zone franc (Bénin, Burkina, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée équatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo), réunis à Dakar, annoncent la dévaluation de 50 p. 100 du franc CFA et de 33,33 p. 100 du franc comorien. Destinée à assainir l’économie et à relancer la croissance dans ces pays, cette décision a été rendue nécessaire par l’absence de politique d’ajustement interne de leur part après l’effondrement des cours des matières premières. Paris promet de participer à l’allègement de la dette, au financement des programmes conclus avec le F.M.I. et à l’«accompagnement de l’ajustement» dans les pays de la zone. À la suite de la dévaluation du franc CFA, le Niger ne dépend plus que de l’aide internationale.En 1995, le Niger, qui était le dernier pays africain à ne pas avoir passé d’accord avec les institutions de Bretton Woods, signe une lettre d’intention avec le F.M.I. qui lui ouvre la voie à l’octroi d’une facilité d’ajustement structurel renforcé. La cohabitation tendue entre le président Ousmane et son Premier ministre ne favorise pas l’essor économique du pays. L’aide extérieure continue à pourvoir à 80 p. 100 des besoins de l’État.En 1996, le déblocage, par la force, de la crise institutionnelle qui entravait la restructuration de l’économie après la dévaluation du franc CFA ne provoque aucune amélioration rapide de la situation. La production d’uranium, seule ressource d’exportation, pâtit des cours en baisse de ce minerai. L’agriculture souffre des mauvaises conditions climatiques. Et l’aide internationale, un moment suspendue à la suite du putsch, reste indispensable au fonctionnement de l’État.Relations internationalesLe 22 juillet 1992, le Niger reconnaît Taïwan, ce qui a pour conséquence la rupture, 8 jours plus tard, des relations diplomatiques avec la Chine.
Encyclopédie Universelle. 2012.